L'îlot d'Ennael

- On y est! s'exclama enthousiasmée la jeune ange. Regarde!

L'arrivée ne se faisait pas dans les airs mais dans les restes d'un temple façon grec, sur une des plus petites îles le l'archipel du monde des anges. Elle lâcha la taille de son invité et se pencha par dessus l'un de rebords de l'île, seulement retenue par le battement régulier de ses ailes.

- Voici Celestia! Notre monde est composé d'îles flottant dans les airs. Tout, tout en bas, il y a un océan, mais c'est bien loin d'ici! Peu d'anges s'y rendent.

Elle montra du doigt ce qui semblait être le plus grand des monceaux de terre.

- C'est l'île principale, là où se trouve le Sanctuaire, le lieu où tout est décidé. Et...

Le bruit d'ailes lui parvint soudain. Elle grimaça.

- Bon, il est temps de déménager.

Elle saisit Melkor par la main et l'amena à l'autre bout, qui n'était pas loin, de l'îlot. Par terre, entre les brins d'herbe, on pouvait apercevoir une rosace luisant d'une douce lumière dorée.

- Dès qu'on passe dessus un escalier se créer, c'est ainsi que sont reliées les îles de l'archipel, expliqua Dayân. Mais nous, on passe pas par là. J'espère que tu aimes le toboggan!

Elle traça dans les airs quelques mots oubliés et... rien ne se passa. Elle replia ses ailes, et poussa Melkor dans le vide, sans pour autant le lâcher. C'est ainsi qu'ils dévalèrent le toboggan invisible et finirent par atterrir entre deux maisonnettes près de 300 mètres en dessus de l'îlot par lequel ils étaient 'entrés'.

- Alors, t'as survécu? demanda malicieusement la danseuse en se relevant et en tirant l'humain par la main. Ils ne le connaissent pas. Pas encore. Tout ce qui passe à l'intérieur devient invisible pour l'extérieur. Et ils ne chercheront pas non plus alors...

Elle l'entraîna à travers le petit village. Seuls quelques enfants, qui leur faisaient signe quand ils passaient, jouaient dans la rue.

- Y a des détecteurs sur les portes, ainsi les gardes savent quand on arrive. Quand c'est dans notre zone, c'est à dire quand la porte envoyant le signale est située dans les îlots de l'Est, où elles sont réservées aux 'artistes', ils s'en fichent un peu car ils nous connaissent bien et on est peu à, heu, sortir plus ou moins illégalement.

Arrivant à un rebord de l'île, elle continua à marcher droit devant elle. Sous ses pieds, la rosace étincella de plus belle et un escalier de marbre apparut.

- On repère les points cardinaux en fonction des faces du sanctuaire. Ici les bâtiments sont plus du genre de celui de vos grecs, alors c'est pas très compliqué comme tout est plus ou moins carré.

L'escalier descendait et ils ne tardèrent pas à arriver sur une île un peu plus en contrebas.

- Du village où on était on pouvait que descendre, fit Dayân en s'arrêtant. Mais là, on peut aller où on veut comme c'est une plus grande ville. Les endroits les moins peuplés sont aux extrémités. Tu veux qu'on monte? Pour voir la vue de la plus haute île?

L'îlot où ils étaient arrivés était déjà un des plus hauts points de Celestia, mais s'il voulait tout apprécier, il fallait gravir encore plus d'escaliers.

- Ou tu préfères qu'on descende? Tout en bas, il y a un île où peu d'anges se promènent, et d'où on commence à entrevoir l'océan. C'est un endroit... un peu particulier. C'est là où je suis née.

Elle ne savait pas pourquoi elle lui racontait ça, elle qui n'aimait pas parler d'elle même. Elle serra un peu plus fort la main de Melkor qu'elle serrait toujours.

- Maiiiis, elle est un peu... maudite, cette île. Il vaut mieux qu'on monte, non? continua t elle en chassant ses idées noires. Surtout que commencer à monter à partir de maintenant serait mieux dur que de plus bas! ajouta la danseuse un sourire expiègle sur les lèvres. A moins que tu n'sois un grand sportif!

Le changement entre la vitesse de l'ange volant dans les airs, et la statique de l'arrivée perurba un peu Melkor, l'aterrissage était bien plus étrange pour lui que le décollage. L'endroit était étrangement beau, les îles flottaient dans les cieux qui était d'une belle couleur bleu céruléen.
Il écoutait attentivement la description du monde selon les dires de Dayan, et il en restait muet, c'était la première fois qu'il voyait une telle chose, Sylvannia était encore assez proche dee la jungle terrienne, mais Celestia... Totalement différent.

Puis, elle lui pris la main, il se passait quelque chose visiblement, elle l'emmena a l'autre bout de l'îlot, et le poussant dans le vide sans le lacher pour autant, ils dévalèrent un tobogan invisible jusqu'a etre 300 mètres en dessus de l'ilot sur lequel ils étaient. Elle l'aida à se relever en le tirant par la main, Melkor ne comprennait pas grand chose, sauf que visiblement, le paradis n'était pas si accueillant que ça.
Ils étaient dans un petit village, où quelques enfants leurs fit signe, il leur rendit la pareil tout en leur souriant. Puis ils arrièvent encore à un rebord de l'île, Melkor écoutant toujours ce que disait Dayan. Ils descendirent par le rebord en empruntant un escalier, il la suivait donc sans trop poser de question, puis elle lui demanda son avis sur la prochaine destination.

_Ben... Je connais rien de rien ici... Une visite guidée, ça serait peut-être un peu trop, non? L'endroit est vraiment joli mais comment dire... j'ai pas vraiment l'habitude des endroits trop ouverts, un ciel bleu comme ça aussi, c'est joli, mais j'ai plutôt l'habitude du gris. On peut pas rentrer dans un endroit fermé? Je préfèrerais pouvoir reprendre tranquillement mes esprits.

Surprise, l'ange mit un moment avant de se reprendre. Elle n'avait jamais aimé les endroits fermés et sombres, et avait du mal à s'imaginer qu'on puisse appréhender les grand air. Mais après tout, Melkor avait du passer une grande partie de sa vie entre quatre murs alors qu'elle même avait toujours évolué sous un ciel bleu. Elle réfléchit un instant. Les endroits vraiment clos étaient plutôt rares sur Celestia.

- Par là, finit elle par dire.

Elle entraina l'humain à travers une petite ruelle où il n'y avait âme qui vive, puis passa de nouveau par dessus une rosace. Cette fois ci, ce ne fut pas un escalier mais une passerelle de marbre et d'or.

Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent à une île où se dressait un gigantesque édifice de pierre nacrée. Ici et là, quelques anges aux allures nobles ou hautaines, ou les deux, s'affairaient à diverses tâches manuscrites.

- C'est la bibliothèque, murmura Dayân.

Elle tira de nouveau Melkor par la main et l'entraina à l'intérieur de l'édifice. Leurs pas résonnaient sur le sol et quelques érudits se retournaient sur leur passage, intrigués. L'artiste se mordit la lèvre, l'humain était bien trop reconnaissable. S'il comptait rester un peu plus, il faudrait qu'elle veille à le camouffler.

Elle poussa la porte d'une salle à l'écart et ils entrèrent dans une petite pièce. C'était visiblement un lieu d'étude. Encre, plumes, parchemins et livres trainaient ici et là, sur quelques étagèrent et tables de travail.

- Peu de monde vient ici, dit Dayân en refermant derrière eux. Lorsque j'allais à l'école, nous venions étudier dans cet endroit, avec Gabriel.

Elle se dirigea vers les vitraux éclairant la salle et passa un doigt dessus. Le verre se teinta légèrement, rendant impossible tout espionnage de l'extérieur. Et de l'intérieur.

- Ca va mieux? demanda t elle inquiète à Melkor en se retournant vers lui.

Il suivit sans rien dire d'autre Dayan, l'endroit était beau, mais il se sentait assez mal à l'aise, et quand ils arrivèrent donc dans une petite pièce dans la bibliothèque.

Il s'appuya contre un des murs et se laissa retomber au sol.

_Désolé, je pensais pas que ça se passerait comme ça...

Il posa une main sur sa bouche, il était sur le point de vomir son bout de pain, mais se retint. Il ferma les yeux et respira calmement.

_Il faut que me m'habitue à l'endroit. Mince, je pensais pas que je me sentirais aussi mal que ça en pénétrant au paradis.

Il retira la main de sa bouche et souria à Dayan, plus par dépit que par joie. Il ne vouait pas la vexer.

_J'ai toujours été dans des endroits clos, ou sombre, rien de bien brillant comme ici en tout cas. Tu aurais pas un truc pour empêcher le... mal du paradis?

L'ange adressa un sourire désolé à Melkor. Elle non plus ne pensait pas que la réaction du corps humain serait aussi violente à leur entrée dans le monde des anges. Elle n'en était pas vraiment vexée, mais plutôt inquiète. Très inquiète.

- Voila une raison pour éviter d'inviter des humains ou des démons au Paradis, commenta l'artiste en rigolant pour dissimuler angoisse.

Peut être fallait il effectivement un moment pour que l'horganisme s'habitue à Celestia. Mais peut être aussi qu'il était bien trop tard pour qu'il réussisse à s'y adapter. Elle se mordit la lèvre. Elle n'avait jamais entendu parler de mal des terres divines, et à sa connaissance il n'y avait pas de remède contre cela. Mais elle ne savait pas grand chose non plus. Elle se maudit intérieurement de n'être qu'une intermittente du spectacle divin. Raziel, elle, aurait su quoi faire.

- Je ne sais qu'apaiser les âmes, finit elle par dire. Peut être que ça t'enlèvera l'envie de vomir, mais je n'pense pas, ça pourrait même agraver ton état.

Elle pouvait toujours l'amener à l'hôpital de Celestia, mais l'endroit était énormément fréquenté et Raphaël, le seul guérisseur en lequel elle avait véritablement confiance, était parti pour Sylvania. Elle regarda un instant le jeune homme en silence. Il y avait toujours une chose qu'elle pouvait faire, une chose qu'elle n'avait tenté qu'une seule fois et qui avait réussi.

- Est ce que tu as seulement envie de déverser le contenu de ton estomac ou y a autre chose aussi? demanda t elle à Melkor. Mal de tête? Etourdissements?

Pour l'instant, elle préférait rester à une certaine distance de l'humain, histoire de pas ajouter une couche à son malaise.

Melkor réfléchit quelques instants, ses symptomes étaient tout de même étranges, mais il les dis a Dayan.

_Ben en fait, depuis qu'on est rentré, ca va un peu mieux, mais dehors, je voyais assez sombre, tête qui tourne, odeur bizarre, mais je suppose que c'est normal, c'est l'odeur du monde qui fait ça, et pour finir donc, envie de gerber. Faut dire que en général je sors que la nuit, ca va avec mon boulot, aujourd'hui a été une journée qui a changé beaucoup de mes habitudes, ça doit etre cumulatif je pense.

Melkor repris à nouveau une respiration calme, il commençaiet déjà à se sentir mieux, mais il avait toujours cette envie... Il aurait peut-être dû rester ajeun pour l'arrivée a Célestia, il ne n'allait pas souvent dans les airs pour voyager, c'était peut-être aussi cela.

_Ca va déjà un peu mieux, mais je préfère attendre avant de me lever.

L'ange soupira, quelque peu rassurée. Si seule son envie de vomir persistait, elle n'aurait pas à recourir à son ultime moyen d'abréger les souffrances de son invité. Elle s'assit contre le mur et reposa son regard sur Melkor. Elle ne s'était toujours pas rapprochée. C'était maintenant presque une peur constante de faire du mal à l'humain.

- Et dire que Celestia est censée êtres un bénédiction, soupira Dayân songeuse. Je comprends que les démons puissent nous voir comme le Mal.

Comprendre... Biensur, elle ne pouvait pas se mettre à leur place, mais rien que le fait de constater que la terre des anges pouvait avoir des effets négatifs ébranlait sérieusement sa croyance en la vérité angélique. Que pourrait elle montrer à Melkor de son monde, alors que presque tout avait été bâti dans l'idée de luminosité et d'ouverture? Il y avait bien la prison, mais c'était certainement le dernier endroit où elle poserait les pieds.

- Quand tu iras mieux... Si ça passe, fit elle. Tu penses que tu pourras supporter marcher à travers des structures mêmes si elles sont un peu ouvertes?

Elle ne voulait pas que l'humain se force, et il semblait qu'avec sa franchise il n'y aurait pas de problèmes de ce côté là. Cependant, rien que pour le ramener dans son monde, ou un autre, il faudrait bien qu'ils posent les pieds dehors. Une idée saugrenue lui traversa alors l'esprit.

- Tu crois que si on te bande les yeux ça changera quelque chose?

Un sourire se dessina sur les lèvres de l'ange. Elle préférait largement entendre rire Melkor que de le voir complètement malade. Elle songea un moment qu'elle devrait aller se renseigner au sujet des démons demeurant dans la prision céleste. Peut être avait elle été conçue de manière à leur éviter tout mal à la terre des anges.

Elle regarda d'un air intéressé la bouteille que lui montrait l'humain. Elle, elle ne connaissait que les boissons qu'on servait au bar d'Adèss, et qui étaient pour la plupart des alcools. Si elle ne s'était jamais sentie prête à avaler de la nourriture, les boissons ne lui posaient en revencha aucuns problèmes. C'était un peu contradictoire, mais tant pis.

- Je peux goûter? demanda l'artiste. Les choses à boire ça me dérange pas. Sauf si c'est du sang, ajouta t elle en grimaçant.

Elle jeta un regard au sac de Melkor.

- T'as quoi d'autre dedans?

Melkor souria à Dayan et lui donna la bouteille.

-C'est juste du jus d'orange.

Il jeta un coup d'oeil dans son sac et en sortit plusieurs choses. Son sac de couchage bien replié, du café dans une thermos, mais il devait être froid a présent...Il y avait aussi des pommes, du pain, des sandwich, un réchaud à gaz, une arme a feu, un couteau et... un briquet dessous tout cela.

Surpris, il fouilla dans sa poche et repris le briquet que Dayan lui avait donné et lui tendit:

-Tiens, j'ai retrouvé celui que je croyais avoir oublié.

L'ange saisit la bouteille et regarda dedans. C'était remplit d'un liquide orange, limite jaune, qui sentait bon. A part quelques alcools, la seule boisson dont elle avait pris connaissance était ce que les humains appelaient 'coca'. D'ailleurs, elle avait trouvé ça particulièrement mauvais et avait été très étonnée d'apprendre que c'était la boisson connaissant le plus de succès sur Terre. Les humains étaient étranges à bien des égards.

Prudemment, l'artiste posa ses lèvres sur le goulot et bu une petite gorgée. C'était agréablement fruité, sucré, et peut être même, un peu acidulé. Mais comme toute boisson terrienne, c'était à consommer avec modération. Elle rendit la bouteille à Melkor en souriant.

- Merci.

Elle s'approcha un peu plus et regarda d'un oeil intéressé les divers objets sortant du baluchon de l'humain. Il y avait certaines choses qu'elle connaissait, mais pas toutes. Le sac de couchage et le couteau, c'étaient des objets que l'on trouvait également sur Celestia. En revanche, le thermos était inconnu à ses yeux. Elle s'en saisit et le renifla intriguée. Ca sentait un étrange mélange de matière plastique et... quelque chose de comestible. D'ailleurs, si elle l'inclinait, quelque chose de liquide bougeait dedans.

- Qu'est ce que c'est? demanda elle à Melkor.

Son regard se posa sur les autres objets.

- Ca, c'est du pain, ça des sandwichs, récita l'ange en montrant les choses du doigt comme un élève récitant sa leçon. Ca... Des pommes?

Elle fronça les sourcils devant le réchaud et l'arme à feu. Cette dernière lui était vaguement familière mais elle ne se souvenait plus de son utilité.

- Et... le reste?

Melkor commençait à reprendre un peu ses esprits, et s'étirait pour se remettre en forme entièrement. Tout en faisant cela, il observa Dayan qui elle, regardait ce qu'il avait sorti de son sac. Elle l'interrogea alors sur les objets qu'il avait sorti.

-Ca, c'est une thermos, c'est censé conservé plus longtemps la chaleur de certaine boisson, là il y a du café dedans, il doit amlgré tout être tiède ou froid maintenant, cela fait bien une journée que je me le trimbale dans mon sac. Et ça, en effet, ce sont des pommes, emporter de la viande dans son sac pour une durée indéterminer peu s'avérer douloureux dans certaines condition que je tairais, c'est une histoire de robinet qui coule sans être ouvert...Donc là, c'est un réchaud à gaz, ça permet avec des capsule spéciale d'allumer un feu, la raison pour laquel je chercais un briquet tout à leur c'est que celui-là n'a pas d'allumage automatique, il faut une flamme pour l'enclencher. Et cette dernière chose... Je pense pas en avoir besoin ici, mais c'est une arme. Il rrêta ses étirements pour vivement remettre le pistolet dans le sac, où se trouvaient aussi quelques chargeurs qu'il n'avait pas sortis du sac car inutiles.

Ce faisant, il pris aussi une des quelques pommes et en croqua une. Mais il ne retrouva pas le gout qu'il cherchait, encore cette sensation de manger de la farine, mais il savait que cela ne changerait pas vraiment avec le temps.

L'ange hocha la tête, tentant de graver en même temps chaque explication de Melkor, comme si secouer son cerveau l'aiderait à mieux enregistrer. Elle fixa ensuite le jeune homme qui entamait une des pommes, avec le même intérêt qu'elle l'avait regardé manger du pain. Si toucher à la nourriture ne lui disait absolument rien, elle était fasciné par la manière des humains de se ressourcer. Tous, chez les terriens, de la tête aux pieds, avait son utilité. Chez les anges, c'était quasiment de l'ordre du décors. A quoi lui servait sa propre bouche et les dents qu'elle contenait? A pas grand chose, à par tirer la langue, parler, chanter, et ce genre de choses. Pourquoi Dieu avait donc doté les anges d'une forme humanoïde?

Elle se releva, mettant fin à ses contemplations. Il n'était pas dans ses habitudes de rester longtemps sans bouger. Chose d'ailleurs que beaucoup de ses semblables lui reprochaient.

- De robinet qui coule sans être ouvert? répéta Dayân qui se rendait compte que c'était une chose qu'elle ne comprenait pas. C'est à dire? Moi, on m'a juste dit que ça pouvait s'avarier. Ce qui n'est pas beaucoup mieux.

Elle monta sur une chaise puis sur une des tables de travail, mettant en évidence, du bout du pied, les couvertures des livres éparpillés afin d'en lire les titres. De l'elfique. Etonnant. De tels ouvrages étaient peu courants, ou retranscrits. Qui donc aurait pu laisser en plan ce genre de bouquins? Elle même était peu encline au rangement et à la lecture, mais elle éprouvait un certain respect envers ces recueils d'Histoire.

- Celui, ou celle, qui est passé par là a une notion de rangement encore plus désastreuse que la mienne, grommela t elle en entassant les livres sur un coin de table.

Elle se retourna vers Melkor.

- T'as fait des études, au fait?

Vu qu'il n'avait pas un passé très lumineux, elle en doutait un peu.

Malgré le fait qu'il ai tenté d'éviter le sujet, Dayan rele va quand même sa métaphore, ce qui le fit tout d'abord grimacer. Mais parès tout, cela fait partie des choses de la vie...

-Lorsque l'on garde certaines nourritures trop longtemps à l'air ambiant, ils ont tendance a ne plus être apte à être manger. Mais si on en mange quand même, on peut avoir mal au ventre, avoir envie de vomir, où comme je l'ai dit avec grâce et volupté, avoir le robinet qui coule. C'est quand on chie liquide et qu'on peut pas se retenir. Très désagréable. C'est pour ça que j'ai pas envie d'essayer de manger cette viande...

Dayan monta ensuite sur une chaise, puis sur un table, en faisant remarquer que ce n'était pas très bien rangé. Situation plutot étrange pour une personne qui marche sur la table à côté des livres. Melkor se contenta de sourire sans faire de remarque, mais quand elle se retourna vers lui pour lui demander si il avait fait des études il répondit simplement.

-Je sais lire, écrire, compter, mais pour faire des études, il aurait déjà fallut que dans mon quartier il y ait une école, et il n'y en a pas. Mais je crois pas que ce soit vraiment important pour ce que je fais dans la vie.

Il finit donc sa pomme assez rapidement, tout en réfléchissant. Il ne connaissait rien des anges en fait à part les légendes et ce que Dayan lui avait dit pour l'instant, ce qui se résumait à la non-nécessité de manger.

-Sinon, il y a pas de soucis au Paradis, non? Ca serait un peu paradoxale...

L'ange, qui venait de ramasser un livre de plus suspendit son geste en entendant les explications de Melkor. C'était donc pour ça..! Elle explosa de rire en comprenant la signification du 'robinet qui coule'. Tant bien que mal, elle réussit à poser l'ouvrage par dessus la pile qu'elle avait commencée puis s'assit en tailleur sur la table de bois. Elle avait les larmes aux yeux et ne pouvait s'empêcher d'être pliée de rire. Au moins, la question de prendre, ou pas, de la viande avec lui au cours de ses voyages s'était vite réglée.

- Dé.. so... lée, articula t elle entre deux hoquets. Mais c'est assez comique d'imaginer la scène, même si ça n'a pas du être très amusant sur le moment...

Une fois qu'elle fut un peu calmée, elle réfléchit à la question de l'humain. Elle même, dans son milieu, ne rencontrait pas de problèmes ni d'anges en ayant. Les seuls à se plaindre c'était pour des broutilles, donc bon. Quand à des éventuels soucis dans la société angélique, ou au sein même de son Parlement, elle n'en savait rien. Elle n'était pas le genre de personne à qui on livrait la vérité, mais plutôt celle à être noyée sous les artifices. Il n'y avait qu'une seule chose, dont elle était réellement consciente, c'était que dans le mode de fonctionnement de Celestia, certains étaient désirés, d'autres pas. Les démons, les humains, les elfes... et même quelques anges, faisaient partie de ceux que le monde angélique s'efforçait de détruire. Le Paradis n'était pas un monde tolérant.

- Non, enfin, officiellement, finit par dire Dayân en réchappant de ses songes. Mais je pense qu'il doit y en avoir. Aucune société n'est parfaite. D'ailleurs... C'est bien toi qui m'a parlé de déchus, non? Demande aux anges qui trainent dehors s'ils ont déjà entendu parlé de ce 'Lucifer'. Une majorité te répondra que non.

Elle marqua une pose.

- C'est drôle parce que dans vos romans terriens vous en parlez parfois, de ce 'Lucifer', à croire que vous le connaissez bien mieux que nous. Quels anges tu connais de nom?

Melkor sourit de même que Dayan riait, il est vrai que c'était assez marant en général ce genre de choses, sauf bien sûr, pour le principal interressé. Lui-même n'avait jamais eu la diarrhée, car justement il faisait toujours attention à ce qu'il mangeait et à ne jamais être malade de manière trop grave.

Les propos de Dayan prouvait un peu l'insouciance du monde Céleste et de ses habitants, ils n'avaient à se soucier de rien, qu'il arrive une bourde énorme, et ils ne sauraient rien faire. Mais Melkor ne s'attarda pas sur cette pensée que Dayan l'interrogea sur les sources humaines du monde Céleste.

-Les sources? Ben le premier endroit où apparait Lucifer, étrangement, car je pense pas qu'un seul être puisse vivre autant, c'est dans la Bible judaïque il y a plus de deux milles ans, il fut déchu à cause de sa tentative de rébellion contre Dieu. Mais il faut dire qu'on parlait aussi à l'époque de Gabriel, Mickael, Uriel, Raphael et compagnie, je connait pas le statut de tous les anges, mais ceux-là, ils existe bien au moins, non?

- Plus de deux mille ans! ne pu s'empêcher de s'exclamer l'ange en s'accroupissant. C'est impossible!

Tout comme se lever contre Dieu était absurde et complètement suicidaire. C'était un peu comme... comme si un poisson rouge essayait de faire la guerre à son posséceur. Le Tout Puissant était le Créateur de toutes choses, rien n'échappait à son emprise. Même si l'on pouvait, à la limite, oser prétendre qu'il faisait 'mal' les choses, c'était de l'inconscience que de le défier!

- Nous autres, anges, avons bien une espérance de vie considérable, mais à ce point là! expliqua la danseuse en se rapprochant du bord de la table ainsi que de Melkor. Soit votre 'Bible' ment quant à sa date de création, soit elle anticipe l'avenir, soit il a existé plusieurs anges de même nom. Ce qui est fort improbable. Un ange est unique, tout comme chaque être vivant, c'est pour cela que notre nom suit de même cette ligne de conduite et est important pour chacun de nous!

Elle hésita un instant.

- Mais vous, les humains, il arrive souvent que vous portiez le nom d'autres, non?

Elle avait lu beaucoup de livres terriens, et il lui arrivait de retomber assez régulièrement sur des protagonistes portant tous le même prénom. Au début, elle avait trouvé cela vraiment étrange, mais elle avait fini par s'y habituer, petit à petit.

- Surtout des anges si importants... Parce que oui, Michaël, Uriel, Raphaël et... Gabriel existent bien. Michaël, Séraphin de la Guerre, Uriel, Gardien de la Porte Céleste, Raphaël Guérisseur Divin, et Gabriel... Messager de Dieu. Je les connais tous. Mais Mika, Raph et Gabriel ne sont pas sur Celestia en ce moment. Quant à Uriel, je n'sais pas trop. Mais c'est le genre d'ange qu'on ne pourrait pas épier sans se faire repérer de toute façon.

Dayân sauta au bas de la table et se rapproche de la porte de la pièce en tendant l'oreille. Les bruits de pas d'un érudit finissaient de s'estomper dans un silence religieux. Le couloir devait être désert. Elle se retourna vers Melkor.

- Ca va mieux? On pourrait p'tet aller ailleurs tout en essayant de rester entre deux murs, un toit, et une obscurité relative, proposa t elle à l'humain d'un sourire engageant.

S'il désirait sortir, toutes ces conditions seraient amusantes à assayer de respecter, sinon, cela ne la dérangeait pas non plus de rester quelques temps dans la petite pièce. Même s'il valait mieux que ça ne soit pas pour l'éternité. Parce que non seulement aucun des deux ne paraissait disposer de ce temps devant lui, mais en plus si elle restait plus d'une journée enfermée elle ne répondrait plus de rien.

- "Apocalypse"? Ca sonne pas très joyeux comme titre de bouquin. Et tu dis que ça fait partie de la Bible?

L'ange commençait à s'inquiéter au sujet de ce livre terrien. Il faudrait qu'elle trouve le moyen de se le procurait. Ce qui ne serait pas du tout évident, et même, si elle se faisait prendre, cet acte pouvait être passible de prison, ou peut être, comme cela semblait être possible, de déchéance. Elle secoua la tête pour chasser ces songes. Elle était bien curieuse, mais pas prête à se faire jeter de Celestia. C'était son monde, sa croyance, tout ce qui comptait pour elle, ou presque.

Elle sourit en entendant la réponse de Melkor et lui re-saisit la main. Elle ouvrit la porte de la salle et emprunta un couloir suivant ses impulsions. Elle connaissait le lieu par coeur, même les zones qui lui étaient théoriquement interdites, et aimait errer ainsi, presque au hazard. Une aura familière lui parvint soudain. Surprise, elle s'arrêta net dans sa course - oui parce qu'elle aime bien courir - et fronça les sourcils.

Sans plus réfléchir, ni demander son avi à l'humain, qu'elle avait presque oublié du coup, elle se remit à courir, toujours trimballant Melkor avec elle. Elle dévala un long escalier en colimaçon, manquant de louper une marche à plusieurs reprises, puis finit par passer par dessus une rosace et s'engouffrer dans un tunel.

- C'est plat, mais en fait on sera beaucoup plus bas que l'endroit où on était, expliqua Dayân en se souvenant qu'elle avait un invité. Ici, tu trouveras la magie dans chaque recoin où tu poseras les yeux!

Ils finirent par sortir du tunnel et arriver sur un îlot. Ils firent encore quelques pas et dégringolèrent un nouvel escalier de marbre. Enfin, ils posèrent le pied sur la plus basse des îles de l'archipel de Celestia. On pouvait apercevoir les premiers reflets de l'océan et l'atmosphère n'était pas la même que celle des autres îlots. Il y faisait plus frais et plus sombre. C'était un monde à part. De temps à autres, un éclair semblait traverser le ciel. Au milieu de l'île, un atrbre dépourvu de feuilles luisait d'un halo doré. Deux oeufs d'or se balançaient doucement aux branches de l'être.

Que le nom Apocalypse ne soit pas très joyeux comme nom n'était qu'une chose normale après tout, mais la remarque de Dayân faisait tout de même sourire Melkor.

- Ca parle de la victoire des forces du Mal pendant un millénaire, puis les forces du Bien gagnent. J'ai pas tout compris à ce bouquin faut dire.

Il suivit ensuite Dayân qui lui avait de nouveau pris sa main, et l'entrainait un peu partout dans la cité céleste, sans que Melkor ne comprenne quoi que se soit à ce qu'elle semblait faire, pourquoi elle prenait tant de détours. Ils arrivèrent ensuite sur une île, avec en son milieu un arbre étrange.

- C'est plat, mais en fait on sera beaucoup plus bas que l'endroit où on était. Ici, tu trouveras la magie dans chaque recoin où tu poseras les yeux!

- C'est...quoi ce truc? dit Melkor en montrant du doigt les deux oeufs d'or accrochés aux branches de l'arbre sans feuilles.

Ashriel posa son pied sur l'île la plus basse du quartier des artisans, qui se trouvait juste en face de l'îlot d'Ennael où se trouvait l'un des arbres de Celestia. La porte d'Ashriel avait toujours mené à ce lieu qu'il trouvait magnifique. Pour l'Archange, l'entièreté de Celestia était magnifique, que ce soit dans les hauteurs ou proche de la mer. Et c'était peut-être pour cette raison qu'il ne s'était jamais trop plaint du fait qu'il ne mettait pas souvent les pieds sur les autres mondes, même si il aurait aimé les voir. Ashriel observa d'un air absent l'arbre sur l'îlot d'en face, où se tenaient apparemment deux autres personnes. Il se tourna vers Gabriel et lui demanda :

- Y a-t-il quelqu'un que je dois voir ?

Ashriel fit disparaître ses ailes blanches en même temps qu'il parlait. Les garder sorties ne servirait qu'à dépenser de l'énergie qu'il gardait du mieux qu'il pouvait.

- On ne vois pas souvent du monde par ici... fit l'artisan plus pour lui-même que pour Gabriel. Je me demande qui sont ces personnes...

- J'espère que cette Bible ne présente pas l'avenir... commenta Dayân qui ne se voyait pas évoluer dans un monde de ténèbres.

L'artiste lacha la main de Melkor et s'approcha de l'arbre. Doucement, elle posa ses doigts sur l'un des oeufs. Dorés et légèrement nacrés, les dessins les décorants changeaient doucement au cours du temps.

- Des oeufs, répondit l'ange à l'humain. C'est de là que nous naissons. Approche, n'ai pas peur!

Elle traça quelques mots sur la coquille du gros récipient qui sembla légèrement frissonner à son contacte. Posant son oreille sontre la surface lisse et chaude, elle pouvait entendre les battements de coeur unis des deux êtres qui verraient bientôt le jour.

- Voici l'îlot d'Ennael: le lieu de naissance des jumeaux...

Elle songea un instant à son propre frère. Il devait être bien loin en ce moment. Et peut être même, se pensait il plus à elle. Depuis le temps...

- Vous, les terriens, vous naissez dans le ventre de votre mère, nan? C'est plutôt étrange! commenta Dayân en rigolant doucement.

Il était sûr qu'on n'avait sûrement pas rappellé Ashriel pour rien. Ce dernier était donc du même avis que Gabriel, celui d'aller au Sanctuaire pour aller prendre des ordres ou des instructions. Mais de toute façon, il ne redescendrait pas sur Terre, sauf si on lui demandait.

*Et si moi j'te demande ?*

Ashriel sursauta au son de la voix de Llya. Il ne s'y était pas du tout attendu et l'Humain s'était réveillé plut tôt que prévu. Mais cela ne faisait rien, Llya n'ayant pas la capacité de faire apparaître la porte d'Ashriel, sauf si ce dernier le lui enseignait. Or, c'était hors de question. Il n'avait pas envie de se battre avec l'adolescent pour rester à Celestia. Il resterait, point barre. Enfin, au moins pendant un certain temps. L'Archange ne répondit pas à Llya, mais à Gabriel :

- Il me serait très plaisant de rester en votre compagnie un peu plus longtemps...

*Dis, tu parles toujours comme ça avec les Anges ? C'est assez lourd... Au fait, c'est quoi l'arbre là-bas ? J'peux voir ?*
*Tais-toi un peu, s'il te plaît...*

Au fond, Ashriel était plutôt content de voir que Llya n'était pas vraiment en colère contre lui. Peut-être que cette colère avait disparu en voyant le monde angélique... C'était probable. Pour Ashriel, le paysage céleste avait le don de calmer son esprit.

*Hey ! Si tu me le montres, j'arrête de râler...*

L'Archange émit un soupir. Ce qu'il pouvait être lourd... Mais lui en avait fait de même sur Terre, étant curieux à propos de tout ce qui passait entre les mains de l'Humain, de la souris d'ordinateur à l'éponge en passant par le coupe-ongle. Ashriel riva son regard vers le Messager divin, qui devait sûrement se demander ce que signifiaent le soupir et le manque de réaction d'Ashriel.

- Excusez-moi Gabriel, pourrions-nous juste passer voir l'îlot d'Ennael en face avant de partir ?

Ashriel ignorait que ce lieu était celui où était né Gabriel puisqu'il était jumeau avec une autre Ange. Mais l'Archange ignorait aussi l'existence de la soeur du Messager divin...

*Hep, ça sert à quoi alors ?*
*C'est quoi cette question ? A naître, bien sûr...*

Si Llya avait été présent devant Ashriel, il en aurait regardé l'Ange avec des yeux ronds comme des soucoupes. Ce qui paraissait évident à l'Archange semblait pour lui être une fiction. Mais après tout, Ashriel ignorait tout du système humain et n'avait pas pensé au fait que les Humains naissent dans le ventre de leur mère...

[à l'arrache ce post; complétement foiré >.<]


Gabriel sourit. Ainsi, il ne ferait pas cavalier seul vers le Sanctuaire. Tant mieux, le messager n’avait pas vraiment envi de voyager seul. Et puis, avec les capacités réduites d’Ashriel, ils n’iraient pas très vite, et pourraient donc pleinement profiter de l’univers magnifique de Celestia. Depuis le temps que Gabriel n’était pas remonter à Celestia, la Terre des anges devait avoir bien changer. Qu’importe ! Son attrait ne devait pas en être réduit ; du moins, Gabriel l’espérait.

Après avoir jeté un coup d’œil à l’archange, Gabriel fit disparaître ses ailes, et se posèrent quelques mètres à coté de lui. Ashriel n’ayant pas l’air de vouloir bouger pour le moment, le messager se replongea dans ses pensées, et observa le paysage céleste. Quel plaisir de le revoir ! L’ange huma l’air. De douces effluves maritimes lui parvinrent. Puis Ashriel posa sa question.

Aller sur l’îlot d’Ennael ? Cela ne le dérangeait nullement, mais dans quel but ? Gabriel ne voyait aucune utilité à se rendre là-bas, si ce n’est retardé leur voyage. Mais bon, il n’était pas vraiment en mesure de refuser. Et comme ça, il saurait l’identité des deux silhouettes :

-Non, je n’y vois pas d’inconvénient, mais, sas vouloir être indiscret, pourquoi tiens-tu à t’y rendre ?

Gabriel fit apparaître ses ailes, et se prépara à s’envoler. Et soudain, une idée le frappa :
L’îlot d’Ennael. C’était là qu’il était né, avec sa sœur Dayân. Cette pensée fit naître en lui un tourbillon de sentiments. Un mélange de mélancolie et d'excitation, provoqué par le simple nom de sa soeur. Le lien qui l’unissait à Dayân était fort ; très fort : Celui d’une sœur à son frère. Et ce lien si fort, ne s’était certes pas brisé, mais la séparation forcée entre les deux être avaient entamé ce lien. Gabriel secoua la tête. Ce n’était pas le moment de penser à tout ça. L’ange se tourna vers Ashriel et lui dit :

-Nous pouvons y aller ?

La question était banale, et un peu stupide. Gabriel l’avait posé pour cacher sa surprise. Ce qui ne la cachait pas vraiment, l’augmentant même davantage.