Errance...

Gabriel traversait la morne étendue d’herbe rase et sêchée par le soleil de ses ailes puissantes. Voilà des jours qu’il la parcourait… Et toujours pas de trace de vie. L’ange avait presque épuisé toutes ses réserves de nourritures et d’eau. S’il ne trouvait pas rapidement un village, ou une ville …
Gabriel s’arrêta quelques instants, but une gorgée d’eau, puis reprit sa route. Lente et monotone.

Pendant plusieurs heures, Gabriel marcha ; où plutôt vola. Enfin, Il aperçut au loin une petite tâche noir…


*Une ville… Enfin !*

L’ange hâta le pas …

L'ange, ragaillardit par la vue d'une ville ou au moins d'un village, accéléra son allure. Ainsi, il se trouva bientôt aux abords d'un petit village.
Gabriel fit disparaître ses ailes et entra dans le village.
C'était un village tout ce qu'il y a de plus normal: peu d'habitants, principalement des personnes agées, une épicerie permettant de faire ses courses, et puis c'était tout.


*Au moins, ça à l’air d’être reposant ici...*

Tous paraissait tranquille, les allées, fleuries, semblaient désertes, le soleil était haut dans le ciel, répandant une douce chaleur sur la ville. Pourtant, Gabriel sentait que quelque chose allait se passer. Mais quoi ? Il n'en savait rien, et cela le taraudait. Puis, haussant les épaules, il essaya de faire abstraction de son impression, et se dirigea vers l'épicerie. Gabriel remarque une jeune fille, assise près de celle-ci, dégustant quelque chose d’apparemment délicieux. L’ange passa à coté d’elle, la frôla, ne s’arrêta pas. Il entra dans l’épicerie, et en ressortit, quelques minutes plus tard.
Il avait acheté du pain, et du jambon. De quoi faire un sandwich en somme. L’ange alla s’asseoir sur un banc, près de la jeune fille. Celle-ci l’intriguait. Que faisait elle ici ? Dans un petit village, loin de tout, habitait essentiellement par de vielles personnes ? Elle aurait dut se trouver dans une des quatre grandes métropoles, pourtant, elle était ici. Et puis, cette jeune fille dégageait une sorte d’aura … qui ne lui plaisait pas.

Ayaë, toujours occupée à son petit péché préféré, à savoir la gourmandise, ne se rendit pas moins compte que l'odeur qu'elle trouvait désagréable s'intensifiait petit à petit. S'approchait. Et elle ne pouvait toujours pas se souvenir de ce que c'était...
Elle retint un mouvement de recul quand elle sentit quelque chose la frôler. Elle ne supportait pas qu'on la touche quand elle était sous forme humaine... Mais se montrer ainsi face à des Humains -oui, Humain, qui pouvait être la personne qui l'avait frôlée sinon un Humain ?- éveillerait leur curiosité légendaire. Et elle n'en avait aucune envie.

Puis l'Humain ressortit de l'épicerie et vint s'asseoir près d'elle. Il y avait des dizaines de bancs dans la rue pourtant ! Pourquoi fallait-il qu'il vienne s'asseoir à côté d'elle ?!...
L'Ange Déchue tendit l'oreille. Le bruissement d'une poche plastique... Qu'avait bien pu acheter l'Humain dans le magasin ? Elle entendit le craquement du pain... Puis sentit une odeur de viande. Cet Homme avait faim. S'était acheté de quoi faire un sandwich... Pourquoi, s'il habitait dans le village ? Ou alors, il voyageait et n'était venu là que pour se ravitailler... Mais s'il voyageait, cela pouvait très bien être lui qui portait cette odeur si désagréable aux yeux de l'aveugle...
L'espace d'une demi-seconde, l'albinos crispa les mâchoires avant de se re-détendre, mine de rien. L'odeur, déplaisante mais familière... Elle se souvenait enfin. Les Anges... Se pourrait-il que ce soit un Ange qui était assis à côté d'elle ? Quelle probabilité y avait-il de rencontrer un Ange sur Terre, qui plus est dans un village perdu ? Quasiment aucune... Mais pourtant, c'était l'explication la plus plausible.
Donc, partons du fait que cet inconnu soit un Ange... Le connaissait-elle ? Peut-être. Les Anges envoyés sur Terre sont peu nombreux, et donc plutôt connus. Enfin, c'était comme cela avant qu'Ayaë ne soit déchue... Quoi qu'il en soit, il fallait qu'elle entende sa voix pour savoir si elle l'avait déjà rencontré.
Tournant ses yeux de braises vides de vie vers l'inconnu, elle endossa de nouveau ce rôle de jeune lycéenne aveugle qu'elle jouait -presque- à la perfection...

- Z'en voulez ? Dit-elle en lui tendant la poche de bonbons déjà à moitié vide. Dites... Vous êtes pas d'ici, non ? Non, certainement pas, sinon vous m'auriez renvoyé chez la folle qui me sert de grand-mère en me disant qu'il ne fallait pas traîner dehors toute seule, que c'est dangereux parce que je ne vois pas...

Ayaë soupira, en plein dans sa comédie de jeune fille en quête d'un peu de compagnie.

- J'suis désolée, j'ai oublié d'me présenter. J'm'appelle Aurore.

Maintenant, si l'inconnu était un Ange -et elle en était quasiment certaine- il lui répondrait gentiment et se présenterait, comme les bonnes manières l'exigeaient. Le fait qu'Ay ait avoué dès le début sa cécité n'était qu'un moyen de se rendre bien plus vulnérable qu'elle ne l'était en réalité.

Gabriel tourna la tête vers la jeune fille. Où plutôt, fit sembant de tourner la tête. Depuis qu’il s’était assis à coté d’elle, il n’avait céssé de l’observer… Pour voir sa réaction. L’ange hésita un instant. Cette Aurore ne semblait pas bien méchante de plus, elle était aveugle. Un court instant, Gabriel se reprocha de l’avoir soupçonner. Puis, il se reprit. Son instinc ne l’avait jamais trompé, et il allait encore s’y fiait. Pour ne pas alerter la jeune fille, il fit un sourire rassurant -ou du moins essaya- et lui répondit sur un ton joyeux :

-Moi je m’appelle Gabriel, et non, je ne suis pas venut te renvoyer chez ta grand-mère… que tu as l’air d’aimer!!

Puis, le plus naturellement possible, Gabriel tendit la main vers le sac de bonbons :

-Je peux vraiment ?

Gabriel attendait la réponse d’Aurore pour se servir. Il se sentait de plus en plus mal à l’aise. Il avait la bizarre impression d’avoir réagit exactement comme la jeune fille avait voulut. Il avait l’impression de n’être qu’un pantin qu’on manipule. L’ange frissonna. Pourtant, il ne faisait pas froid, c’était même plutôt le contraire. Son trouble s’accentua…

Ayaë sentait ce désagréable picotement lui parcourir la nuque... Cette sensation lui murmurant qu'on l'observait. Une fois de plus. L'Ange aurait-il un quelconque pressentiment à son égard ? Possible...
L'Ange Déchue retint un sourire satisfait. L'inconnu, qui ne l'était d'ailleurs plus, venait de lui parler... Et de lui donner son nom. Son véritable nom, elle en était certaine puisque sa voix lui rappelait quelques vieux souvenirs... Et qu'elle ne connaissait qu'un seul Gabriel.
Donc, après le Séraphin du Secret, voilà qu'elle croisait la route du Messager de Dieu ! Décidément, elle s'attirait bien des ennuis... Ou pas. C'était plutôt amusant, finalement, de jouer la comédie face à des Anges plutôt crédules.

- Mais si, je l'aime... Juste qu'elle me prend encore pour une gamine.

Remarque dérisoire... Visant à meubler la conversation. Apparemment, Gabriel ne voulait pas tant que ça parler. Ou alors, il ne savait pas quoi dire. Etrange pour un Messager... Non ?
Finalement, l'albinos ne s'amusait pas tant que ça. L'Ange réagissait exactement comme elle l'avait prévu, ç'en devenait... lassant. Voilà pourquoi elle décida de glisser quelques petits sous-entendus dans ses paroles en répondant à la remarque vis-à-vis des bonbons.

- Si j'vous l'dis ! Et si vous pouvez, bien sûr...

Ayaë faisait là allusion au péché dit de 'gourmandise', comme le nommait les Humains. Bien sûr, ces derniers se faisaient des idées quant à la vie sur Célestia -on allait pas interdire aux Anges de manger !- mais si Gabriel réfléchissait bien, il comprendrait... Normalement.
Tout en tendant la poche de sucreries au Messager de Dieu, l'Ange Déchue pria -façon de parler bien évidemment puisqu'elle ne priait plus depuis très très longtemps- pour qu'il ne la touche pas. Si c'était le cas... Elle ne répondrait pas de sa réaction. Et encore moins de ses actes. Surtout qu'elle n'avait aucune raison de se contrôler puisqu'il n'y avait personne à part lui et elle dans la rue...

Gabriel fit un sourire -ou du mons, essaya- pour masquer son malaise. La réponse de la jeune fille
Ne l’avait pas rassurer. Loin de la. Nanmoins, pour se donner une contenance, l’ange avança la main vers la poche de bonbons.. A mi-chemin, il suspendit brusquement son geste ? Il venait de comprendre le sous-entendut laisser volontairement pas la jeune fille.

*Comment se peut-t-il que …Qui est donc cette fille ? Serait-ce un démon ?*

Gabriel se rendit de sa position ridicule. La main tendut en avant, l’ai hébétée, il ne devait pas avoir l’air malin….Mas surtout, ce geste avait dut alerter la personne qui se trouvait réellement derrière cette apparence. Prudemment, Gabriel reprit son geste, et plongea sa main dans la poche de bonbons. Il choisit une sucrerie, et sortit sa main du sac. En l’enlevant, il toucha du bout des doights la main de la jeune fille…

Ayaë sentait son amusement grandir. C'était grisant de savoir que quelques petits mots pouvaient avoir des effets surprenant sur les gens... Et ça l'était encore plus quand, en plus de le savoir, on pratiquait cette petite 'activité'... Certains appelleraient cela 'manipulation'. Pour l'Ange Déchue, ça n'était qu'un moyen de se divertir et d'aborder ses semblables.
L'aveugle s'amusait donc des sentiments qu'elle devinait chez Gabriel. Il n'était pas rassuré, mais ne semblait pas avoir compris le sous-entendu. Pas encore.
C'est à ce moment précis qu'Ay perçut un petit raté dans les battements de coeur du Messager. Serait-il... surpris ? Aurait-il... compris ? Sûrement.
Quand au fait qu'il suspende son geste, l'albinos ne l'avait pas remarqué. Une telle attitude était drôle -ou suspecte, au choix- pour une personne voyante, pas pour une aveugle qui ne pouvait la remarquer, aussi développés fussent ses sens.

Mais malgré le doute qui semblait l'avoir assailli, Gabriel plongea quand même la main dans la poche de bonbons. C'est en la ressortant qu'il effleura Ayaë...

L'Ange Déchue retira vivement le bras, laissant tomber par terre la poche dont les sucreries s'échappèrent. Elle s'en fichait. Complètement. Toute son attention était focalisée sur cet Ange qui l'avait touchée... L'once en elle s'était réveillée, et pas de la façon la plus douce. Les canines de l'aveugle s'alongèrent dangereusement tandis que ses yeux se fendaient, pareil à ceux d'un félin.

- Ne me touche pas...

La voix d'Ay ressemblait plus à un feulement de colère qu'autre chose. La panthère ne supportait pas qu'on touche celle en qui elle vivait -sauf bien sûr quand elle était transformée. Ce qui n'allait d'ailleurs pas tarder à arriver, vu où en était la situation...

Gabriel, mu par un reflexe, bondit en arrière. La réaction de la jeune fille l'avait surpris... Effrayé même. Il s'attendait à bien des choses, mais à ça pas du tout. L'ange regarda la jeune fille, ou du moins, ce qui y ressemblait plus ou moins. Ses dents s'étaient allongées, et sortaient maintenant de sa bouche; ses yeux ressemblaient à ceux d'un félin. D'ailleurs, dans l'apparence et la démarche de cette aveugle, Gabriel sentait une sorte d'aura... animal.

- Qui-es tu? Demanda l'ange.

Bien sur, la question était de pure forme. Même si Gabriel avait envie de savoir qui était réelement cette jeune fille, il n'avait prononcé ces paroles que pour meubler le silence qui s'était installé ... et pour se rassurer par la même occasion

La tension entre les deux êtres était énorme. La créature qui faisait face à Gabriel n'avait pas l'air des plus acceuillantes...Elle avait même l'air plutôt féroce. L'ange se mit en garde, et attendit de voir ce que l'once allait faire.

(HRP: desole ce post la je l'ai vraiment raté )

[Mais non, t'inquiètes... Du moment qu'il y a une réponse, je suis heureuse. . xD.]

Ayaë détestait perdre le contrôle. Retenir l'animal en elle était quasiment impossible, et surtout bien trop épuisant pour qu'elle juge nécessaire de le faire pour éviter quelques blessure à un Ange, mais elle ne supportait pas que l'esprit de l'once prenne totalement le contrôle de son corps. Bien sûr, ça avait été le cas quand elle avait rencontré Lucifer, mais c'était différent puisqu'elle s'était laissée aller volontairement, pensant être seule. Ce qui, cette fois-ci, n'était pas le cas.
Ce que le félin essayait de faire, c'était de lui forcer la main... L'Ange Déchue ne le tolérait pas. Mais elle n'avait malheureusement pas vraiment le choix. Elle pouvait simplement rester assez consciente pour ne pas se transformer en un véritable animal sauvage... Mais elle refusait de rester simplement spectatrice de ce qu'elle faisait.

C'est à ce moment-là qu'Ayaë, à moitié transformée, sentit cette odeur caractéristique que seuls les animaux peuvent percevoir... L'odeur de la peur. Gabriel se sentirait-il menacé ? Il ferait bien.
Ce nouvel élément ajouta à l'excitation de la panthère. Tout le monde sait que les animaux n'aiment pas la peur. Et que c'est ce qui les pousse à attaquer ceux qui en dégagent l'odeur...

L'Ange posa alors une question. Une question derrière laquelle il semblait s'abriter, s'en servant comme d'un bouclier afin de se rassurer. La réponse n'avait qu'un intérêt secondaire. Pourtant Ayaë, un peu plus maîtresse d'elle-même, se fit un plaisir d'y répondre. Elle adresse à Gabriel un des sourires profondément ironiques dont elle avait le secret, dévoilant en même temps ses canines aiguës. A ce moment précis, quiconque l'aurait vue aurait juré avoir une vampire sous les yeux.

- Si même le Messager ne le sait pas... Alors je ne peux plus rien pour les Cieux. Perdriez-vous la mémoire, Gabriel ?...

Encore ce ton narquois... Dissimulant quand même un indice sur sa véritable identité. En plus d'indiquer qu'elle connaissait parfaitement Célestia et son fonctionnement, ses paroles sous-entendaient que l'Ange aurait dû la connaître... Ou du moins avoir entendu parler d'elle. (Un Ange aveugle, ça ne court pas les rues tout de même !). Du temps où elle avait encore sa place dans le monde de Dieu, bien entendu. Quand on l'appelait encore Ayaëlle, et non Ayaë. En d'autres termes, s'il l'avait recontrée, c'était avant qu'elle ne soit déchue.
Maintenant, si Gabriel n'arrivait pas à se souvenir, tant pis pour lui. L'albinos ne lui céderait plus une seule once d'information. Sans mauvais jeu de mots.

[oui mais c'est toujours mieux si le rp est de bonne qualité ^^]

Gabriel sursauta lorsque l'ange déchue évoqua les cieux. Peu à peu, sa mémoire revenait. Il se souvenait bien d'une personne aveugle, dont il avait entendue parler il yavait de cela fort longtemps. Gabriel refusait presque le fait que ce soit Elle en face de lui:

*La personne que j'ai en face de moi serait donc ... Ayaëlle, où plutôt Ayaë, maintenant qu'elle est déchue. Mais que fait elle ici ? Non...c'est impossible.*

La surprise succéda à la peur qu'avait jusque la ressenti Gabriel. Au moins, il connaissait l'identité de celui qu'il allait affronter. Gabriel était quasiment certains qu'ayaëlle attaquerait. Ne serait-ce que parce qu'elle avait, il y'a fort longtemps certes, de la même race que lui, et avait comme lui fait partie des troupes de Dieu... Pour en être bannit ensuite. L'ange regarda autour de lui. Personne. Il pouvait donc montrer sa véritable apparence. Gabriel ferma les yeux un court instant. Aussitôt, ses traits changèrent, devinrent plus fins; des ailes imenses, d'une blancheur immaculée apparurent dans son dos, comme par magie; ses habits d'huamin laissèrent place à sa tenue d'archange. Gabriel rouvrit les yeux, et regarda L’ange déchue dans les yeux. D’un regard limpide, et doux…

[Et, euh... Juste une petite précision. Il n'est pas automatique de changer de prénom après avoir été déchu... Donc ton perso ne sait normalement pas qu'Ayaëlle se fait appeler Ayaë puisque c'est son choix, à elle seule. ]


Une expression narquoise étira le visage d'Ayaë. La peur de Gabriel venait de s'effacer pour laisser place à une surprise mêlée d'un refus étrange... Le Messager aurait-il compris ? Sûrement... Mais pourquoi les sens d'Ay lui rapportaient aussi ce sentiment de refus ? L'Archange pensait-il être victime d'une hallucination due au soleil ou autre chose de ce genre-là ?... Et puis, après tout, elle s'en fichait. Un détail comme celui-ci n'avait aucune importance.

Elle n'eut pas le loisir de continuer ses 'analyses de comportement'. L'once en elle forçait le barrage qu'elle avait construit pour garder la maîtrise d'elle-même dans des situations similaires... Le félin était véritablement enragé. Tant pis. Pour Gabriel.
Le peau d'Ayaë se recouvrit soudain d'un fin pelage couleur neige, mais elle ne se transforma pas totalement pour autant. Il était hors de question qu'elle soit réduite à contempler la scène qui allait se dérouler...

C'est alors qu'elle entendit quelque chose fouetter l'air. Quelque chose d'ample, de très grand. Quelque chose comme... des ailes. Donc l'Ange s'était décidé à se montrer sous sa véritable apparence. Ce qui n'était pas le cas de l'Ange Déchue.
Au même instant, l'aveugle ressentit cette brûlure si caractéristique sur la nuque. On l'observait. Encore. Et elle imaginait facilement le regard doux et gentil, écoeurant de bonté, planté dans ses yeux vides de vie. Un imperceptible frisson lui parcourut l'échine.
Il ne savait donc rien de la vérité ?! Croyait-il toujours que Célestia était encore le havre imperméable au Mal qu'il était à sa création ?! Oui, peut-être le pensait-il. Les Anges étaient tellement naïfs...

- Vous comptez vraiment garder ce regard-là avec moi ? Il y a longtemps que je le hais pourtant...

Donc l'Ange avait repris sa forme originelle... Donc il s'attendait à ce qu'elle attaque. Ayaë n'allait certainement pas le decevoir.
Il était Archange. Quand Ay avait été déchue, elle l'était aussi. Mais maintenant, elle faisait partie du 8ème cercle des Démons. Elle était l'égale d'un Séraphin. Et le Messager n'était sûrement pas au courant.
Avec cette rapidité féline qui la caractérisait, elle s'élança.
Elle n'était plus une Archange. Gabriel n'avait aucune chance.


[Prends pas mal la dernière phrase, hein ! Juste un trait de caractère d'Ayéyé... ^^']

[oh pardon, je n'etais pas au courant, sorry. Bon pour ta dernière phrase je m'en fiche pas mal, c'est le rp c'est tout ^^. Sache tout de même que ça fait trente ans que je ne suis pas revenu sur Celestia (enfin 25) donc forcément, je n'ai pas la même puissance; mais ce n'est qu'un détail évite d'écrire en petit aussi xD j'ai dt mal a te lire ]


Gabriel ne répondit pas à l'ange déchue; il n'en avait pas besoin. Aÿaëlle savait parfaitement qua l'ange la regarderait toujours ainsi, alors pourquoi répondre ? L'ange soupira. Il n'avait aucune envie de se battre maintenant; d'ailleurs, il n'avait jamais aimé ce battre. Gabriel se mit en garde.

L'ange fut surpris par la rapidité de l'attaque d'ayaë. A présent, il voyait très bien qui était son adversaire. Il s'agissait bien D'ayaëlle. Gabriel l'avait connut il y'a bien longtemps; c'était une archange cette époque. Et sa défection avait avait fait grand bruit à Celestia. Comment ne l'avait-il pas recconnut? Ce la devait faire trop longtemps qu'il était resté sur Terre ...

L'once était trop rapide; Gabriel ne pourrait pas éviter le fauve. L'ange se résolut donc à contenir le coups...En était-t-il seulement capable... L'ange n'était pas sur de réussir, mais il fallait au moins essayer. Gabriel joignit les mains.

*Puissance divine qui se trouve au fond de mon coeur, engendré par le tout Puissant pour l'éternité. Brûle, Brûle à l'infinit! Et protège moi des assauts maléfiques qui tentent de tuer ton serviteur!*

Une lumière blanche entoura doucement l'ange en un halo lumineux éclatant...

[ça veut pas dir que j'ai réussi hein ^^ ]

[Oh, oui, d'solée... ]

Ayaë retint un soupir. Ça n'allait pas être drôle si Gabriel ne se prenait pas à son jeu et ne lui répondait pas. Encaisser les remarques étaient en soi une réponse mais... c'était tellement agaçant. Et inintéressant.

L'Ange Déchue s'élança donc, sa vitesse décuplée par ses réflexes de fauve. Elle ne s'en transforma pas pour autant. Bien sûr, ses dents ressemblaient plus à des crocs qu'à autre chose, ses yeux étaient également fendus comme ceux d'un félin et son corps recouvert d'un fin pelage blanc. Mais Ay était toujours plantée sur ses deux jambes et n'avait qu'à moitié l'apparence d'une once. Elle préférait, pour le moment, rester ainsi. Si elle le pouvait. Pas pour pouvoir se servir d'une arme, non, elle n'en avait aucune sur elle. Son sabre ne lui servait que très peu souvent, en cas d'extrême urgence. Et elle jugeait que ça n'en était pas -encore ?- une.

Mais, au moment où elle atteignait l'Archange, quelque chose la ralentit. On voulait la repousser... Ça n'était pas à proprement parler un bouclier, mais ça s'infiltrait dans son esprit et bloquait ses mouvements. Pour le coup, Ayaë était surprise. Et presque contrariée. C'était de la Magie, elle en était certaine. Fichu Ange. Comment allait-elle faire pour contourner cette Magie ? Bien sûr, elle pouvait forcer le 'bouclier' mais... Elle n'avait pas envie de se fatiguer non plus. Ou alors... Avec un peu de chance, Gabriel avait demandé à être protégé de quelque chose ou de quelqu'un de précis. Du Mal ou d'un Déchu par exemple. Donc, si elle...

Les lèvres d'Ay s'étirent en un petit sourire satisfait. Une demi-seconde plus tard, elle se changeait totalement en once et s'élançait de nouveau vers le Messager. Elle se rendit compte au moment où elle bondissait que ça n'allait pas aller. Elle était transformée, certes. Mais elle restait toujours elle-même, autrement dit une Déchue. Elle ne passerait pas. Ou alors... Elle devait lui laisser place. A la panthère en elle. Et c'est ce qu'elle fit, pourtant un peu réticente. Elle qui ne voulait surtout pas devenir passive ! C'était raté pour cette fois.
Sa mauvaise humeur naissante disparut malgré tout quand elle sentit les griffes du fauve lacérer le torse de l'Ange. Elle n'avait senti aucune résistance de la part du 'bouclier'. Aux yeux de la Magie, elle n'était plus une Déchue, mais bel et bien un fauve en furie.

Gabriel crut tout d'abord que sa protection allait fonctionner ... Qu'Ayaë serait repoussée ... L'once franchit la barrière d'un bond, et ses griffes lacérèrent le torse de l'ange, qui poussa un grognement de douleur. Avec un effort surhumain, il réussit à rejeter l'once...
Ses blessures n'étaient pas très profonde, mais un flot de sang en sortaient tout de même et rougissait son habit d'un blanc immaculé. La douleur était presque insupportable, mais Gabriel réussissait à la contenir... Pour combien de temps.
Pourquoi son "bouclier" n'avait-t-il pas repoussé son assaillante? En théorie, il était impossble de franchir cette barrière. A moins de forcer bien sûr, mais Ayaë n'avait pas forcer le barrage, Gabriel l'avait bien vu. L'ange ne pouvait pas rester avec de telles blessures. Sinon, il allait mourir. A moins que L'once décide de l'épargner, mais c'était peu probable... Pour ne pas dire impossible. Il joignit un nouvelle fois les mains.

*Puissance divine, ô tout puissant, soigne mes blessures et donne moi la force de vaincre mon adversaire.*

De nouveaux, une lumière blanche entoura l'ange. Ses blessures se refermèrent, jusqu'à disparaître, et une vigueur nouvelle l'envahit. Seul les taches rouges sur son habit déchiré par les griffes du fauve témoignait de ses blessures.

Gabriel allait devoir combattre. Pour tuer, et non plus se protéger. Il répugnait à cela, mais il n'avait plus le choix. C'était lui ou elle. C'aurait été un humain en danger, Il n'aurait pas hésité à se sacrifier, mais là... Il s'agissait d'une déchue, redoutable qui plus est. L'ange soupira, et porta la main à sa ceinture. Il dégaina son arme. L'épée d'or, Pourfendeuse de démon. Gabriel se mit en garde, et attendit Ayaë, pret à l'acceuillir de sa lame.

Sa satisfaction fut de courte durée. Elle avait, certes, franchi le barrage sans dépense inutile d'énergie, mais l'Ange venait de la repousser. Dommage. Ayaë avait quand même senti la peau de Gabriel se déchirer sous ses griffes. Et l'odeur du sang était encore présente. Elle affluait même, venait sans aucun doute des blessures toutes fraîches du torse de l'Archange... Sauf qu'au bout de quelques secondes, l'odeur se mit à diminuer sensiblement. Comme si... Comme s'il n'y avait plus de sang. Comme si le Messager commençait déjà à guérir.
L'Ange Déchue, grâce à un extraordinaire effort de persuasion, arriva à se re-transformer. Sa part animale sentait d'instinct que le fait étrange qui venait de se produire ne pourrait être résolu que part Ay. Pas par une once, aussi affûtés fussent ses sens. Voilà pourquoi elle avait cédé sans trop de résistance à sa part 'civilisée'.

L'albinos, après avoir donc repris une forme un peu plus 'conventionnelle', râla intérieurement. Gabriel s'était -elle en était quasiment sûre- guéri. Fichue Magie. Si l'Ange ne jouait pas le jeu, comment est-ce qu'elle pourrait s'amuser ? Car oui, pour elle, ça n'était rien d'autre qu'un passe-temps comme un autre. Et drôle qui plus est. Elle n'avait pas vraiment l'intention de tuer -non, elle ne le tuait qu'en cas de pure nécessité. Elle voulait juste tromper son ennui. Comme toujours.
Ses traits s'étirèrent en une moue boudeuse tandis qu'elle se mettait à parler, toujours avec cette voix aux intonations indéniablement félines.

- Tricheur.

Un seul et unique mot. Porteur d'une moquerie enfantine mais également d'un réel mépris. Que l'Archange utilise la Magie contre elle qui se refusait à en faire usage démontrait un certain manque d'honneur. Et si Ayaë ne devait estimer qu'une seule chose au monde, ce serait l'honneur. Autant dire que Gabriel venait de dégringoler dans son estime. Déjà qu'étant Ange, il ne volait pas très haut...

C'est alors qu'elle fut surprise par ce sifflement métallique si caractéristique que produit une épée lorsqu'on la tire de son fourreau. Enfin, surprise, pas tellement finalement. Elle s'y attendait au coup de l'arme. C'était fou comme les autres aimaient avoir une lame en main. Ça semblait presque... les rassurer. Ayaë, elle, n'usait quasiment jamais de son masamune. C'était trop simple sinon. Et bien moins amusant.

Puis, sans prévenir, l'Ange Déchue bondit. En moins d'une demi-seconde, elle était redevenue once. Le Messager avait fait une erreur. Si l'épée -enfin, ce qu'elle pensait être une épée- était sa seule arme, il était mal parti. Car, si elle peut être pratique pour un affrontement éloigné, une lame est plutôt inutile contre un félin aussi rapide que prévoyant.
En effet, Ay avait beau être aveugle, il suffisait qu'elle saisisse un léger bruissement d'air pour savoir où Gabriel allait frapper. Ou alors, elle se fiait à son instinct animal. Parce que, bien que totalement transformée, elle s'efforçait de garder un contrôle total. Et sa partie once, pour une fois, ne luttait pas. Elle restait simplement 'derrière elle' et lui faisait profiter de ses sens étonnants et inconnus.

Ce que l'aveugle allait essayer de faire ? Exactement comme avec Lucifer. S'accrocher à l'Ange en lui plantant les griffes dans les épaules et lui mordre ce qu'elle pourrait du visage.

L’ange ne répondit pas à l’unique parole que prononça la déchue. Il n’en voyait pas l’utilité. Et puis, pour lui, c’était absurde. Se servir de la magie n’était pas synonyme de tricherie, c’étais son moyen de défense. De plus, la déchue savait aussi se servir de la magie ; si elle n’avait pas envie de s’en servir, tant pis pour elle. Cela n’avait rien à voir avec un quelconque manque d’honneur. Et pour parler franchement, Gabriel se fichait éperdument de savoir ce qu’Ayaë avait en tête ou de savoir ce que la déchue pensait de lui.

Gabriel vit bondir l’ange déchue. Il rafermit la prise de son épée, puis, lorsque le félin fut assez proche de lui, il fit siffler son arme. Geste parfaitement maîtrisé, presque invisible tellement il était rapide. Inévitable pour quelqu’un de normal. Mais son adversaire n’était pas »normal ». Gabriel le savait. Il était aussi quasi persuadé qu’elle éviterait son coup… Au moins cela la tiendrait-il à distance… Et puis, son adversaire était aveugle ; avec un peu de chance, la lame atteindrait peut être son but. Mais Gabriel n’y croyait pas vraiment. Pour ne pas dire pas du tout. Il avait connut Ayaë lorsqu’il était encore sur Celestia. A cette époque, elle était archange et malgré sa cécité, était déjà connue pour sa force. Compter sur la chance était donc presque stupide… même suicidaire. L’épée filait vers Ayaë …

Son arme pour se propulser au-dessus de lui, ça il ne l’avait pas prévu. Et il en fut si étonné, qu’il en resta sans réaction, un court instant. Suffisamment pour que son adversaire reprenne son élan, et bondisse vers lui. Gabriel savait qu’il n’avait aucune chance de parer le félin ; trop rapide. Beaucoup trop. Alors, sans même prendre la peine de se retourner, il se jeta sur le coté. Trop tard, l’once percuta Gabriel de plein fouet. L’ange roula sur le sol. A moitir sonné par le choc qu’il venait de recevoir il réussit tout de même à se relever en s’appuyant sur son épée. Une nouvelle fois, l’ange déchue avait pris l’avantage sur lui. Le fossé qui les séparait en matière de combat était certes grand, mais Gabriel ne l’avait pas imaginé si grand. D’autant qu’Ayaë possédait un avantage certain, elle pouvait se transformer en fauve. Beaucoup plus agile qu’aucune autres créatures.
Gabriel avait lui aussi un avantage, il pouvait voler…mais il répugnait à le faire. C’était déloyal. Et Gabriel détestait ce concept même. Pourtant, il n’en voyait pas d’autres pour échapper à son adversaire. Gabriel agita donc ses puissantes ailes, et séleva dans les airs.

Enfin. Ayaë venait de passer la garde, pourtant efficace, de Gabriel. Et dans son formidable élan, elle percuta l'Ange. Ils roulèrent tous deux sur le sol.
Sauf que sa vitesse était telle que l'once ne parvint pas à s'agripper à son adversaire comme elle voulait pourtant le faire. Un feulement bref mais coléreux lui échappa. Ça faisait quand même deux fois que l'Archange l'empêchait de faire ce qu'elle souhaitait. Il était surprenant, lui aussi, dans son genre...

L'Ange Déchue fut donc emportée par son élan. Le choc avec la rue goudronnée fut dur mais elle se remit tout de même immédiatement sur ses pattes.
Là, elle resta quelques secondes étrangement immobile... Elle manqua même de vaciller. Le roulé-boulé qu'elle venait de faire l'avait complètement désorientée. Et quand on est aveugle, être désorienté peut se révéler dangereux... Surtout quand on a un Ange hostile face à soi.
Ay rageait intérieurement d'avoir perdu 'tout' ce temps. Gabriel avait pu se remettre. Elle ne bénéficiait plus de cette petite longueur d'avance... Mais bon. Encore une fois, elle ferait avec.

C'est alors qu'un bruissement parvint à ses oreilles. Un bruissement qu'elle reconnut immédiatement. Le même que produisait un oiseau quand il s'envolait. Le bruit que faisaient des ailes fouettant l'air.
L'Ange se serait-il envolé ? Aurait-il choisi la fuite ? Possible... Pourtant, choisir la voie des airs était plutôt lâche et, même si Ayaë n'estimait pas beaucoup les Anges, ce comportement l'étonnait de la part de Gabriel. Enfin... Après tout, c'était tant pis. Pour lui.

L'espace d'un instant, elle envisagea de déployer elle aussi ses ailes tout en restant sous forme animale et de partir à la suite du Messager. Sauf qu'elle n'aimait pas tellement ne plus sentir la terre sous ses pieds. Trop de sensations lui étaient enlevées quand elle volait.
L'Ange Déchue décida donc de rester joueuse jusqu'au bout... C'est ainsi qu'elle se retrouva sous forme 'humaine', allongée sur le dos, les bras derrière la tête, complètement décontractée. Ses yeux fixaient l'endroit d'où provenaient les battements d'ailes.

- C'est vraiment pas drôle...

Paroles aux sonorités mi-lasses mi-moqueuses, seulement murmurées mais qui s'adressant bel et bien à l'Ange. Qui les avaient sans doute entendues.

Ayaë se montrait, certes, calme et amusée, et c'était certainement les sentiments qu'elle ressentait, mais elle ne pouvait y prêter attention. Pas encore. Parce que le félin en elle n'avait pas vraiment apprécié le fait qu'elle reprenne sa forme originelle sans prévenir et surtout qu'elle veuille paraître si dénuée d'agressivité... Heureusement, la Déchue finit par 'repousser' l'once. Pour un moment seulement.

Enfin débarrassée de ce 'soucis', Ay, dans un geste incontestablement félin, bailla. Et adressa un de ses faux sourires désinvoltes à Gabriel.

Il en avait mis du temps ! Mais il semblait enfin réagir aux paroles d'Ayaë... Peut-être Gabriel avait-il compris qu'elle ne souhaitait pas vraiment le tuer. Peut-être avait-il saisit le fait qu'on peut être Déchu et garder tout de même certaines valeurs d'Anges... Comme le fait de ne tuer que quand on y est forcé, par exemple. Quoi que... Comment un Ange pourrait comprendre de telles choses ? Non, le Messager devait juste penser qu'Ay ne voulait pas tuer et qu'il ne risquait finalement rien... Et il avait -peut-être- un peu raison. Mais uniquement sur la première partie de la phrase.

Mais, si l'aveugle fut satisfaite que Gabriel rentre dans son petit jeu -après tout, les mots, c'était son domaine de prédilection- elle le fut un peu moins quand elle entendit le nom par lequel il l'appela... Un nom qui lui rappelait de bien malheureux souvenirs. Un nom qu'elle méprisait autant qu'elle détestait. Et, elle qui s'apprêtait à répondre sur ce ton moqueur qu'elle avait déjà employé, changea soudainement d'expression. Elle se releva d'un bon et lança quelques mots d'une voix menaçante tandis que, durant un tout petit instant, ses canines s'allongeaient dangereusement.

- Ayaëlle est morte. Tâche de t'en souvenir, petit Ange. Tâche de ne plus répéter ce nom-là devant moi...

Difficile de mettre plus de mépris et de dégoût dans un seul mot. Ayaëlle. Comme elle haïssait ce prénom ! Son prénom ! Et comme elle détestait ceux qui l'assimilaient encore à l'Ange qu'elle avait été si longtemps auparavant !

Puis, au aussi subitement qu'elle s'était relevé, elle se calma. Comme si rien ne s'était passé. Son air amusé de nouveau parfaitement lisible sur son visage.

- Pourquoi 'soi-disant' ? Oui, il est drôle de s'amuser avec des Anges... Ça l'est plus que de se battre sur Sylvania. Et encore plus que de rester tranquillement sur Célestia. Quant au fait que je sois tombée bien bas... C'est possible. Je ne suis qu'une misérable Déchue, après tout.

Son ton était presque indéfinissable tellement les nuances y étaient nombreuses. On y discernait surtout de la moquerie, et peut-être pouvait-on y sentir également quelques pointes de cynisme et d'ironie. Autrement dit, rien de vraiment sérieux... Malgré le fait qu'Ayaë exprime ce qui était pour elle la vérité.

L'Ange Déchue entendit ensuite clairement les battements d'ailes se rapprocher d'elle, ou plutôt du sol, avant de voir s'éteindre ce bruissement. Donc Gabriel s'était posé. Donc il avait abandonné l'idée de fuite. Pourtant, quand il se remit à parler, Ay nota que l'Archange paraissait plutôt loin d'elle. Serait-il encore légèrement craintif ? On ne pouvait le lui reprocher...
L'Ange s'était donc remit à parler. Ses paroles, banales, étaient prononcées avec une gentillesse qui paraissait tout sauf feinte. L'aveugle imaginait aisément le sourire avenant peint sur le visage du Messager.
Tout cela, c'était ce qu'elle entendait et analysait. En premier lieu. Parce qu'au-delà de ce qu'on montre, il y a ce que l'on cache. Parce qu'Ayaë ne se fiait pas à ce que tous voulaient montrer d'eux. Il est facile de faire mentir son apparence et sa voix. Mais il est impossible de faire mentir les multiples mais infimes indications données par son corps en général. Et l'albinos ne se fiait qu'à ses indications-là. Elle sentait, ressentait et écoutait. Et ce que disait les informations qu'elle glanait à Gabriel étaient le contraire de ce qu'il voulait paraître.
Il tentait de se moquer d'elle. Avec une hypocrisie presque parfaitement dissimulée. Presque.

- Ma vie ne te regarde pas plus qu'elle ne t'intéresse réellement... Pourquoi ne vas-tu pas plutôt raconter tes années de voyage à ta chère soeur ?

Sa soeur... Sujet douloureux chez Gabriel... L'Ange Déchue le savait pertinemment. Et, bien qu'elle n'aimât pas remuer ainsi le couteau dans la plaie, elle aimait encore moins le fait qu'on essaye de la tromper. En d'autres termes, mieux vallait ne pas trop la chercher...

Gabriel soupira. L’ange déchue possédait plus de verve que lui. Pourtant, en tant que messager, c’est lui et non elle qui devrait en avoir. La situation était vraiment … étrange. Qui plus est, il avait réussit à mettre Ayaë en colère …Cela ne présageait rien de bon. Même si elle semblait s’être calmée, valait mieux rester prudent.
Puis, lorsqu’il vit qu’Ayaë « s’amusait » toujours avec lui, il se détendit un peu… Jusqu'à ce qu’elle prononce sa dernière phrase. Sa sœur. Sujet effectivement douloureux chez lui. Très douloureux. Sa sœur…Dayân… Il avait été obligé de partir, sans lui dire ne serait-ce un petit " adieu". Cela lui avait brisé le cœur mais il avait été obligé. Depuis, il ne l’avait jamais revue.
Gabriel fut parcouru par un frisson de colère. Ayaë avait décoché une flèche acérée dans son cœur ; parfaitement ajustée. Jamais l’ange ne ressentit tant de haine envers quelqu’un. Il savait pourtant faire abstraction de ses sentiments, mais la déchue s’était inflitrée dans la faille de son impassibilité, et l’avait faite voler en éclat. Gabriel regarda son adversaire avec des yeux haineux . Pour la première fois de sa vie, il avait envie de tuer. Comme quoi, tout être a des sentiments…
Gabriel cracha :

-Trouves-tu ça si drôle que ça de blesser les gens, leur faire mal ? Cela t’amuse de voir les gens souffrir ; surtout quand c’est TOI qui les fait souffir n’est ce pas ? Ne t’avises plus jamais de parler de ma sœur comme tu l’as fait. Je ne te le pardonnerai pas.

La colère avait aveuglé l’ange, et lui avait fait perdre le contrôle de lui-même. Gabriel avait conscience que s’était exactement ce qu’attendait Ayaë. Mais il s’en fichait. L’avi d’une « vulgaire » déchue ne l’interessait pas.

Si Ayaë se doutait que sa dernière remarque blesserait Gabriel, elle ne s'imaginait vraiment pas que l'Ange aurait une réaction si... absolue. Si forte. Ce changement subit d'attitude la prit vraiment au dépourvu. Pourtant, elle n'était pas facilement surprise. Mais surtout, ce qu'elle ressentait, les sentiments qu'elle devinait chez l'Archange, la stupéfièrent. D'abord, la colère. Très inhabituelle chez une personne aussi calme et impassible que le Messager. Mais surtout, ce sentiment qui vint après... La haine. Une haine profonde, qui aurait pu effrayer l'Ange Déchue si elle ne se maîtrisait pas aussi bien. Non, Ay n'éprouvait aucune peur. Elle était simplement choquée de sentir un tel sentiment provenir d'un Ange... Les Anges étaient censés pouvoir mettre à part leurs sentiments, pouvoir les ignorer pour rester les êtres purs qu'ils devaient être... Sauf que Gabriel semblait être au-delà de cette maîtrise de soi-même. On ne pouvait même pas dire qu'il était hors de lui. Non. Il n'existait aucun mot pouvant définir l'état dans lequel Ayaë le 'voyait'.

Et, après cette cascade de sentiments, vinrent les paroles. Des paroles aux tons pleins de mépris. Mais l'albinos s'en moquait. Royalement. Ce qui l'atteignait, c'était les mots prononcés par l'Archange, pas son ton. Des mots qui la blessèrent bien plus qu'elle ne voulait se l'avouer. Des mots qui auraient pourtant du glisser sur elle sans franchir cette barrière d'indifférence qu'elle s'était constituée. Qui auraient du. Parce qu'ils traversèrent cette barrière comme si elle n'était que fiction. Et frappèrent l'aveugle avec une violence rien d'autre que morale, mais bien plus dévastatrice qu'autre chose... L'Ange Déchue resta calme. En extérieur. A l'intérieur, elle bouillonnait. On n'avait pas le droit de lui dire qu'elle aimait faire souffrir les autres. Pas à elle qui avait vécu tant d'horreurs. Elle n'était plus Ange, certes. Ça n'était pas pour ça qu'elle en avait perdu son honneur et ses principes. Gabriel, par ces mots,... la comparait à un monstre.
Elle qui ne s'énervait que si rarement se sentait prête à imploser de colère. Pourtant, en apparence, elle n'avait pas changé. Au contraire. Elle avait l'air incroyablement détendue. Et c'était bien pire de la voir rester ainsi que de la voir s'énerver. Parce qu'une colère contenue n'est jamais de bonne augure.

Ayaë, dégageant toujours cette impression de calme dangereux, s'avança vers l'Ange. Il n'y avait que lui qui comptait pour elle, à ce moment-là. Elle ne s'arrêta qu'à quelques centimètres. Le toucher ? Ça n'avait plus d'importance. Son moi animal n'oserait jamais revenir à l'attaque dans une situation comme celle-là.
L'Ange Déchue était donc toute proche, la tête légèrement levée. C'était dans des moments pareils qu'on se rendait compte qu'elle n'était vraiment pas très grande. Mais, encore une fois, elle s'en fichait.

- Je n'ai pas besoin de faire souffrir les gens, petit Ange. Tu percevrais ne serait-ce qu'un centième de ce que je perçois que tu te roulerais par terre sous le poids de cette souffrance qui t'assaillirait perpétuellement. Cette souffrance que l'on entend dans chaque coeur qui bat, qu'elle soit dérisoire ou pas. Cette souffrance que je 'vois' depuis ma naissance. Et dont tu n'as même pas idée, ignorant que tu es.

Son murmure, chuchoté d'une voix aussi froide que la mort dans le creux de l'oreille de l'Archange, portait une vérité qu'Ay n'avait révélée qu'à très peu de monde. Voire à personne.
Pourquoi en parler alors ? Elle-même ne le savait pas. Un instinct primaire la poussait juste à parler. A tout expliquer. A aider aussi. Exactement comme avant. Quand elle était encore Ange.

- Pourquoi blesse-t-on les gens ? Pour se protéger soi-même. Et tu sais de quoi tu te protèges en me parlant ainsi ? Tu te protèges de ta peine et de ton ressentiment envers tes actes passés. Envers ta soeur. Ta haine est dirigée contre ce qui t'a brisé le coeur, et pourtant c'est moi qui en suis la destinataire. Quel Ange es-tu là, Gabriel ?

Au fur et à mesure que ses mots sortaient de sa bouche, Ayaë se rendait compte que ce qu'elle disait de façon quasiment inconsciente n'était en réalité qu'un reflet de ce qu'elle avait vécu. Et en quelque sorte ce qui avait provoqué sa déchéance. Elle s'était énervée contre son père... Qui était mort juste après, sans qu'elle ait pu s'excuser. Elle l'avait blessé, alors que sa haine était dirigée contre la guerre et non contre lui. On ne pouvait nier les similitudes entre ce passage de la vie de l'Ange Déchue et le comportement présent de Gabriel...

Gabriel se raidit lorsque Ayaë s’approcha de lui. L’ange était tendut comme la corde d’un arc, prêt à relacher toute la tension qu’il avait au moindre geste supect de la déchue. Mais Ayaë ne fit rien. Elle s’approcha juste de lui pour lui murmurer quelques mots … D’une voix sans timbre… Une voix que Gabriel détestait par-dessus tout.
L’ange voulut prendre la parole, mais la déchue continua. Les mots qu’elle prononça firent un choc à Gabriel, et lui fit prendre conscience de sa conduite… Une conduite pleine de haine et de rancoeur qui n’était pas digne d’un ange. Une nouvelle fois, Ayaë avait fait mouche. L’ange rougit. Imperceptiblement. La déchue avait raison… Même si Gabriel se refusait à l’admettre, il le savait. Il se força à prendre un masque impassible et ne prit même pas la peine de répondre a Ayaé. D’ailleurs, qu’aurait t-il dit ? Des paroles stupides sans doute ; et La déchue l’aurait aussitôt ridiculisé… Une fois de plus…. Gabriel décida de rester muré dans un silence, et attendit qu’Ayaë se décide à agir. Sinon, il prendrait les devants.